l'Album Border Free
En faisant des recherches au Smithsonian Institute de Washington, j’ai découvert qu’à la fin du XIXe siècle 700 Indiens comanches avaient été déportés à Cuba… Ils étaient installés à l’extrême est de l’île, et on peut raisonnablement penser qu’ils ont mêlé leur musique à celle des descendants d’esclaves africains.» Sur Border-Free, Afro-Comanche est la pièce maîtresse. Une savante construction de douze minutes où convergent chants yoruba et mélopées aborigènes. «Mon idée première était d’enregistrer avec des musiciens de cette communauté, raconte le pianiste, mais des problèmes de logistique se sont posés. Ce n’est que partie remise : je voulais absolument travaillé avec deux frères comanches, flûtistes d’exception.»
L’intérêt de Chucho Valdés pour les peuples natifs a beaucoup à voir avec l’identité cubaine : «Ce sont nos racines profondes, explique-t-il. Les Indiens étaient là bien avant les Espagnols et les Africains. Le nom de mon village natal, Quivicán, signifie "terre rouge" dans la langue des Siboney.» Par un curieux hasard, Lawton est à la fois la capitale des Comanches dans l’Oklahoma et un quartier populaire de La Havane, fief de la santeria, la religion afro-cubaine.
La formation d'Irakere
Comme la grande majorité des musiciens cubains, Chucho a été formé au conservatoire, celui de La Havane. Pendant les années 60, il dirige un groupe populaire qui compte parmi ses membres le grand chanteur Armando Borcela (Guapacha). Mais il a fallu attendre 1970 lors du Festival de Jazz de Pologne pour que la technique et le jeu exceptionnel de Chucho soient connus du public et des artistes internationaux.
Un musicien innovateur
En 1998 Chucho est de nouveau à l'honneur aux Grammy, mais cette fois avec une nouvelle formation jazz cubano-américaine, " Crisol ", créée à l'initiative du jeune trompettiste Roy Hargrove. Chucho Valdes impréssionne par son physique imposant, par la taille de ses mains et par la virtuosité de son jeu. En partant des influences d'Art Tatum, Bill Evans ou McCoy Tyner il a repoussé les frontières du jazz en y incorporant des éléments typiquement afro-cubains et caribéens, il demeure l'un des musiciens cubains les plus innovateurs et originaux de son époque.
Chucho’s Steps reprend ses différentes étapes, insufflant une nouvelle énergie à ce jazz afro-cubain, qui s’appuie désormais sur une plus grande rigueur d’écriture. Outre son sextet régulier, le pianiste a fait appel à Dreiser Durruthy Bombalé en voix leader.
Chucho Valdés aborde avec une belle complexité, dans des compositions à rebondissements, les diverses formes du jazz contemporain (hard bop, free jazz, jazz modal), sur un riche tapis de percussions..
l'Album La creación
Chucho Valdés représente à lui seul la puissance et la richesse de la fusion musicale des traditions cubaines et africaines. La creación (Olodumare), oratorio afro-cubain en hommage à Olodumare (le Créateur suprême, l’une des trois manifestations de l’Être suprême des Yorubas) racontant l’arrivée de la culture yoruba dans les Caraïbes. Fondateur du groupe de musique cubain Irakere (1973), fils du musicien Bebo Valdés, Chucho Valdés conjugue sans relâche ses racines cubaines à des moyens d’expressions plus contemporains. Plus de cinquante ans d’une carrière riche en collaborations et en récompenses internationales (8 Grammy Awards) ont fait de lui un des plus grands pianistes jazz aux côtés de Bill Evans, Oscar Peterson, Herbie Hancock ou Chick Corea.