Cuba avant Castro
Un siècle de l’histoire du pays est représenté par ce riche éventail de personnalités
Cuba avant Castro se définissait par un tourisme sans frontières et une vie nocturne vibrante. Des rues de La Havane aux routes de l’arrière-pays, la vie cubaine était un mélange capiteux de musique, de danse, de sports, de jeux, de politique et de combat. Cuba Then célèbre la culture intensément colorée que le collectionneur de photographies Ramiro A. Fernández se rappelle de sa jeunesse. Des anciens daguerréotypes jusqu’aux photos séduisantes des stars de cinéma, un siècle de l’histoire du pays est représenté par ce riche éventail de personnalités. Une introduction par Fernandez nous fait partager ses souvenirs anciens de Cuba et décrit comment son amour de collectionner les photos d’époque de Cuba a commencé. Avec un avant-propos de poèmes, Richard Blanco, le poète américano-cubain choisi pour prendre la parole à la deuxième inauguration du Président Obama, médite sur l’héritage romantique du vieux Cuba.
J’avais huit ans et c’était ma dernière année à Cuba. Même alors, je voyais le monde image-par-image, comme dans un rêve, à travers les lentilles des fenêtres de l’autobus, éclairée d’en arrière par un soleil torride. À un si jeune âge, je ne me préoccupais pas des images. J’étais plus concentré sur la manière dont je me sentais petit et anxieux devant le groupe plus important des finissants, comment la senteur du mobilier en acajou froid et humide de l’école me remplissait d’effroi. Je ne savais pas faire tourner un fusil et j’étais un échec à l’épée, une obsession populaire à Cuba depuis qu’elle lui avait procuré l’or dans ce sport aux Olympiques de 1900.
Cuba, Havana 1956
Instantanés de la révolution
Des instantanés de la révolution sont vaguement gravés sur ma rétine. Des rebelles dans les rues, dormant parfois dans notre maison. Une rencontre par chance avec Fidel comme il sortait d’une rencontre dans une résidence voisine. Il s’est arrêté à moi et mes compagnons de jeux pour nous serrer la main (il sentait le cigare.
La seule chose d’un intérêt réel pour moi fut son entourage de Jeeps militaires et de Cadillacs noires appropriées. J’aimais les autos, et de ma perspective blasée, les hommes barbus en tenues vert olive n’avaient que peu de signification…
Cuba Vintage
Empreintes de la vie cubaine
Avec chacune des empreintes de la vie cubaine et des paysages que j’avais acquis, les sensations longtemps endormies dans mon subconscient rugissaient en me revenant. La senteur du foin mélangé à l’air salin du Cirque Ringling Bros. à deux rues de chez-moi en hiver…Le tintement des chaînes des éléphants contre le ciment…la senteur médicale des laboratoires pharmaceutiques de mon père qui imprégnaient notre maison…le son intriguant de sa radio à ondes courtes Blaupunkt crépitant dans sa chambre…la cacophonie de mes sœurs pratiquant le piano…les visites aux moulins de canne à sucre, les foires industrielles, et les caves…
Exotique et aventureuse
Exotique et aventureuse, ma mère jouait au sqwash, montait à cheval, et s’adonnait sans peur au ski nautique dans les eaux d’un noir d’encre non loin des clubs de la plage de Marianao. Un ami proche de la famille était le coureur automobile Alfonso Gómez-Mena qui apparaît dans ce livre avec sa splendide Ferrari 250 GT sur une image du Gran Premio Libertad cubain de 1960…
Our man in Havana
Graham Greene
À peu près en même temps, l’adaptation en film du thriller d’espionnage de Graham Greene, Our man in Havana (Notre Homme à La Havane), amena des stars comme Alec Guinness et Maureen O’Hara à la capitale, en même temps qu’une vague d’excitation grandement débattue parmi mes collègues plus âgés. Ce serait le dernier film majeur international à être tourné à Cuba.
Le tacot guagua
Dans le tacot guagua revenant de l’école, je ne savais pas comment un mode de vie allait disparaître rapidement. Ce fut quelque chose que Cuca Machado, ma grand-mère, allait plus tard faire pression sur moi au cours de visites à son appartement du sud-ouest de Miami, où elle s’était établie. Imprégnée d’un amour profond pour son pays natal—où elle(toujours accompagnée de son singe apprivoisé)a été un luminaire coloré au El Telégrafo Hotel surplombant le Parque Central—elle m’a laissé entendre durant mes visites qu’elle craignait que l’essence de cette vie soit perdue à jamais.
Elle m’a poussé à ramener les restes de cette vieille culture ici aux États-Unis.
Les irrésistibles fragments de la vie quotidienne
Regardant une photo pour la première fois, je réponds à la forme et à la sensation d’une image. Le ton l’emporte souvent sur le narratif. En même temps, je suis inévitablement attiré par ce qui se trouve en dehors de l’image, ou ce que je peux seulement imaginer: la gouaille tapageuse sortant d’un tableau d’ouvriers agricoles, la senteur sèche de l’herbe des frondaisons des palmiers dans un bohio de campagne. En plus des danseuses de revue, des boxeurs et des acrobates de cirque, j’ai cherché à voir les irrésistibles fragments de la vie quotidienne : les fermiers misérables de Cuba et les pêcheurs, la mélancolie des travailleurs de la canne à sucre, suant sous le soleil, les troublions d’ouragans bravant le Malecón fouetté par les vents. Seulement un large spectre de lentilles pouvait capturer un riche pastiche de sensualité locale.
Américanos en lune de miel
Cuba a toujours séduit sans discrimination—des révolutionnaires aux reines du mambo, des espions ratés aux mondains, des gangsters futés aux Américanos en lune de miel… Et un certain cadet curieux dans un autobus poussiéreux revenant à la maison.
Cuba Then d'A.Ramiro Fernández
Fernández qui vit dans le quartier de Chelsea à New York, a quitté Cuba à l’âge de huit ans en 1960, plus tard il devient éditeur photo. En 1981, alors qu'il travaillait comme réceptionniste au « Museum of Modern Art » , un homme est venu avec un album sous le bras de gravures à l'albumine pris par le photographe cubain José Gómez de la Carrera d'origine espagnole, il les a proposé au conservateur John Szarkowski de lui acheter. Le commissaire n'était pas intéressé. Ramiro Fernández décide d'acheter l'album lui-même. Ce fut le début de son travail de collectionneur, qui s'étend maintenant des années 1850 à 1970, de nos jours Ramirez continue encore son travail d’archiviste de la mémoire Cubaine. Il s'agit du deuxième livre basé sur sa collection unique au monde, le premier était « I was Cuba ».